Épisode 6
Les premiers doutes
20 tours effectués sur un objectif de 50. La fatigue me gagne déjà. Les 30 tours à faire me paraissent inaccessibles. Un début d’ampoule s’annonce sous la maléole gauche malgré le pansement préventif. Je remplace mes Nine 4×100 par les Seba 3×125, mais pas sans appréhension. Ces derniers qui ne m’avaient causé aucun problème lors des divers runs d’entraînement ont mystérieusement créé un hématome sur le haut de cheville gauche 15 jours avant la course. Tant pis, je n’ai pas le choix. Après une pause d’1h15 je repars.
21H25 il fait encore très chaud. Je réduis le nombre de tours. Les coureurs ont l’habitude de prendre l’aspiration comme en vélo et faire des « trains ». Il m’arrive sur certains tours de pouvoir me glisser dans une « chenille » et d’économiser de l’énergie mais cela n’est pas sans danger. Lors d’une descente où l’on peut rouler à 50 km/m la chenille dans laquelle j’étais bien calé s’est mise à « bordurer » pour contourner un concurrent que j’ai miraculeusement évité en jouant des coudes. Saturé d’adrénaline je décide donc d’abandonner les trains ou de ne les suivre que sur du plat.
Il m’arrive aussi de partager des tours avec d’autres solos super sympas comme Christophe (chrisprolls) ou d’autres concurrents le temps d’un relais. Je ne peux plus enchaîner 10 tours. Je dois m’arrêter plus tôt au terme de 6 tours. Le fameux hématome n’a pas tardé à se manifester. Finis les Seba! Que faire? Reprendre les Nine 100 et faire une ampoule ou finir avec les vieux clous (Salomon)?
Je tente le coup de poker en sortant un atout qui n’était pas prévu pour cela: les chaussettes de contention. Je les avais conservées pour le dernier tiers de la course. J’avais constaté lors des essais qu’elles glissaient dans les chaussons. C’est peut-être une solution. Après 50 mn de pause, je repars pour 5 tours en compagnie de « Chrisprolls » lui aussi bien entamé… Complètement cuit j’abandonne mon compagnon de galère avec qui j’ai bien discuté et qui décide de continuer (bien revigoré par la balade).
J’envoie mon GG au lit et décide de me coucher. Depuis le matin j’avale de la nourriture pour sportifs (boisson isotonique, gatosport, barres de céréales, gels énergétiques…que du sucré. J’en ai la bouche brûlée!). Impossible d’avaler un repas normal. Laurenbouillé m’avait prévenu. De toute façon je suis trop lessivé pour manger. Je dois dormir! Je m’allonge donc dans le fauteuil basculant « Lafuma » recouvert de mon sac de couchage. Le froid traverse le tissu du siège et me réveille plusieurs fois. Je m’enroule comme je peux dans le sac. Je mise sur ma grande faculté de récupération pour continuer. Je ne mets pas de réveil. Mon corps décidera.
Lorsque j’ouvre les yeux il fait encore nuit et FRAIS! Je vais beaucoup mieux (je ne suis peut-être pas un as, mais j’ai toujours vite récupéré!). Ma peau est couverte de sel. J’ai déjà rempli 4 bandanas de transpiration. Il faut refaire le stock de sel. Je sors et j’engloutis une bonne vieille soupe chinoise chimique aux nouilles…
Je revis!